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Le but était de mobiliser la jeunesse du monde entier en permettant à des jeunes de 15 à 25 ans de désigner une personnalité ou une organisation engagée dans un combat exemplaire en faveur de la liberté.
Une première étape a permis de retenir 93 dossiers parmi les 113 candidatures, avec une réelle participation internationale : Burkina Faso, Canada, Colombie, Nigéria, Palestine ou encore Pakistan. Une seconde étape tout aussi internationale a désigné les trois finalistes retenus. Présidé par le dessinateur Yak (dont le personnage Elyx est ambassadeur virtuel de l’ONU), un jury international de trente jeunes a délibéré pendant deux jours afin de retenir trois personnes et leur choix se posa sur Raif Badawi, Lu Guang et Greta Thunberg. Comme l’a déclaré une jeune Canadienne membre du jury « Cette expérience a changé ma vie. Nous, les jeunes, nous devons intensifier nos efforts en faveur de la paix dans le monde ! ». Un vote numérique mondial devait finalement désigner la personnalité lauréate. Au sein de l’académie, il était demandé aux établissements scolaires de s’investir dans ce dispositif qui s’intégrait parfaitement dans le Parcours citoyen des élèves. Organiser le vote du Prix Liberté dans un cadre pédagogique était une opportunité pour sensibiliser les jeunes aux enjeux du vote comme acte structurant de leur citoyenneté en construction et de leur participation à la vie démocratique. Opportunité saisie par de nombreux établissements dont les élèves ont ainsi contribué à la désignation de la toute première lauréate : la jeune Suédoise Greta Thunberg, lycéenne de seize ans qui combat contre l’inaction des chefs d’État et le manque de prise de conscience concernant l’urgence climatique et qui est à l’origine du mouvement « Fridays for Future ». Le prix a été remis le 5 juin 2019 lors du Forum mondial Normandie pour la Paix dans le cadre prestigieux de l’Abbaye aux Dames à Caen.
Ponctuée en fil rouge par des prestations très remarquées de la Maîtrise de Seine-Maritime, une après-midi à la fois grave et festive a été ouverte par Hervé Morin, président de la Région Normandie, en ces termes : « La paix est un long fil de transmission et le partage d’une conviction que porteront les générations futures. La remise du Prix Liberté se veut un temps fort du Forum Normandie pour la Paix et symbolique du passage de témoin entre générations. Vive le Prix Liberté, vive Greta Thunberg ! ». De reportages sur les trois parrains vétérans du Prix : Charles Norman Shay, infirmier amérindien qui débarqua sur «Omaha la sanglante » chargé de remettre le magnifique trophée réalisé par des élèves du lycée des métiers Boismard à Brionne, Léon Gauthier, béret vert membre du commando Kieffer, et Bernard Dargols, représenté de façon très émouvante par sa petite-fille Caroline Jolivet en prestations réalisées par des jeunes lycéens : tableaux vivants, lecture de textes réalisés lors d’ateliers d’écriture, …, les va-et-vient entre les jeunes de 15 ans aux anciens de quelque 97 ans furent constants, de quoi réjouir Yak, dont le credo est : « La notion de Liberté est un héritage, la liberté sans responsabilité est un danger ».
Un des moments forts de la manifestation a été l’arrivée dans la salle des vétérans britanniques : standing ovation de plusieurs minutes sous les applaudissements nourris du millier de jeunes présents puis remise de médailles effectuée par de jeunes lycéens pour un merveilleux moment d’échange. Des ponts étaient bel et bien jetés et la mémoire vivante ! Jeunes et moins jeunes ont eu les yeux humides et le cœur qui battait fort à de nombreuses reprises, notamment lors du poignant témoignage d’Ensaf Haidar, l’épouse de Raif Badawi, un des trois récipiendaires. Le seul petit bémol fut l’absence physique de Greta Thunberg qui, dans un message pré-enregistré, témoignait de sa reconnaissance d’avoir reçu ce prix et de son désir de venir en Normandie fin juin. Son refus de prendre l’avion, fidèle à ses convictions, l’avait empêchée de pouvoir venir sur Caen à temps pour rencontrer le millier de lycéens présents à la cérémonie.
Ils auront cependant vécu une bien belle après-midi, laquelle, soyons-en certains, restera gravée dans leur mémoire. « L’intelligence collective » chère à Yak a de beaux jours devant elle avec de telles manifestations, et un vent de fraîcheur et d’optimisme flottait sur Caen en ce 5 juin !
Mise à jour : décembre 2020