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Comment est né ce projet ?
Je suis le porteur du projet. Mes élèves me demandaient sans arrêt pourquoi ils devaient faire de l’anglais car, d’après eux, ça ne leur servirait jamais à rien. À l’origine, je ne pensais pas faire un Erasmus+, mais juste travailler avec des collègues européens par le biais d’un projet eTwinning sur le thème des droits de l’enfant car nous vivons dans un bassin assez fermé sur lui-même et nos élèves ont une image d’eux-mêmes assez négative. Je souhaitais apporter une micro-solution et je suis persuadé que construire un partenariat actif avec des établissements étrangers permet de repousser les frontières, physiques et mentales, et de rapprocher les cœurs. J’ai trouvé des partenaires sur la plateforme eTwinning, nous avons commencé à travailler, mais nous sommes vite tombés sur la limite du virtuel. Nous voulions plus et nous lancer dans un projet d’échanges réels ; Erasmus+ était la solution aux problèmes de budget qui se posent fatalement quand on envisage de réaliser des mobilités. Et tout l’argent doit bénéficier aux élèves !
Vous aviez déjà identifié tous vos établissements partenaires ?
Oui, nous étions cinq et au bout d’un mois d’échanges virtuels, nous avons décidé de foncer et de nous lancer dans l’écriture de notre projet Erasmus+. J’ai eu le soutien d’Anne Descamps, DAREIC, et l’aide des collègues turcs et roumains qui m’ont bien épaulé et conseillé.
Quel était l’axe principal ?
Je l’ai vraiment construit comme un projet de territoire pour répondre à un besoin d’ouverture et de rencontres culturelles. Ses objectifs principaux sont l’apprentissage et la mise en pratique de la langue anglaise, le développement de l’identité européenne, le respect de soi et des autres, le développement de l’empathie, la non-violence. Je souhaitais coupler le tout avec des problématiques de société importantes telles que les sans-abri, les réfugiés, ce qui nous a amené à développer un partenariat avec une association extérieure, la Croix-Rouge française.
Quel est son rôle dans le projet ?
Ils ont aimé l’idée de travailler avec plusieurs pays et de mettre la langue anglaise au service d’un projet scolaire humanitaire. Ils nous offrent un partenariat unique en aidant à la mise en place des actions qui seront menées tout au long du projet. Concrètement, ils nous font bénéficier de leurs ateliers scolaires. C’est ainsi que les élèves ont pu par exemple avoir une journée de sensibilisation en « visitant » de façon virtuelle un camp de réfugiés en Syrie grâce à des casques 3D. Et le 8 mai, nous assisterons aux cérémonies de commémoration sur les Champs-Élysées avec les officiels.
Avez-vous déjà réalisé une mobilité ?
Oui, notre première semaine d’échanges a eu lieu en février dernier. Elle avait pour thème les migrations. Nous nous sommes tous retrouvés à Aunay-sur-Odon. Français, Polonais, Roumains et Turcs ont été répartis en douze ateliers avec des activités à réaliser, le tout en anglais. Ces 40 élèves européens se sont mêlés à nos 25 élèves concernés par le projet. Panneaux, posters contre la guerre, vidéos, chansons pour la paix, … les productions ont été très variées. Six salles ont été mobilisées toute la semaine, les enseignants étrangers ont fait cours comme membres à part entière de l’équipe pédagogique et les professeurs d’anglais ont été déchargés de cours cette semaine-là. L’administration nous a grandement facilité la tâche en jouant à fond le jeu avec nous. Il y a eu en parallèle une collecte de vêtements … au profit de la Croix-Rouge française.
Quels élèves étaient concernés ?
Il n’y a pas de « classe Erasmus ». En 2019, nous avons recruté 25 élèves sur l’ensemble de la cohorte de 3ème dont 5 élèves de SEGPA (c’est d’ailleurs Clément, un de ces cinq élèves qui nous a dessiné notre logo) et en 2020, nous recruterons des élèves de 5ème. Parmi tous les volontaires nous avons procédé à un tirage au sort dans la plus grande transparence. Tous mes collègues sont partants et nous travaillons très bien ensemble même si je suis seul porteur du projet. Ce sont entre 360 à 400 élèves qui seront impactés sur deux ans. L’année prochaine, nous intégrons au minimum 25 nouveaux élèves. C’est un « projet bus » dans lequel tout le monde peut monter.
Regrettez-vous parfois de vous être lancé dans une telle entreprise ?
Non, pas un seul instant. Ce qui me plaît avec ce type de projet, c’est qu’il y a un véritable échange, tant humain que culturel. Tout le monde a intégré une dimension « internationale » pendant la semaine de mobilité entrante- élèves, professeurs, parents d’élèves, familles hôtesses - et ça a des impacts sur le territoire qui dépassent largement le collège.
Le mot de la fin de Thierry Saint James, principal du collège
Mathieu Leparquois a mené un travail de fou. Il est à l’origine du projet, a trouvé les contacts avec les différents établissements étrangers, a trouvé le partenariat avec la Croix-Rouge française, a rédigé le dossier Erasmus+. Ça dépasse largement le travail « classique » d’un enseignant d’anglais !
Mise à jour : décembre 2020