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Parlez-nous de ce projet. Comment est-il né ?
Au début, nous faisions ce voyage à vélo mais nous avons finalement trouvé plus sécurisant de le faire à pied. Nous prenons le ferry au Havre en piétons et nous rendons au camping sur l’île de Wight en marchant, le sac sur le dos, avec une dernière étape de trois kilomètres de nuit à la frontale. Pendant ce séjour, nous essayons de joindre les différents points de visite en randonnée pédestre et, si c’est trop loin, nous empruntons les bus locaux. Nous souhaitons faire un voyage avec le coût le plus faible possible et dans une démarche écologique, tout en faisant découvrir une culture différente. J’avais travaillé sur l’île de Wight quand j’étais étudiant et je savais que c’était réalisable. David, qui enseignait en DNL management, m’a suivi dans le projet. L’idée était aussi de rendre nos élèves acteurs de leur voyage. Les parents sont derrière nous car ils trouvent la démarche intéressante et ils apprécient que nous cherchions à développer l’autonomie de leurs enfants.
Vos élèves réalisent une enquête. En quoi consiste-t-elle ?
Avant le départ, ils ont réalisé un questionnaire d’une quarantaine d’items sur les habitudes écologiques des habitants de l’île de Wight. Une fois sur place, lors de la visite de Newport, la capitale administrative, ils sont allés à la rencontre des habitants et les ont interrogés sur les thèmes suivants : énergies, transports, nourriture et recyclage. Ça leur permet par ailleurs d’être en situation réelle de communication. De retour en France, il leur faut en exploiter les données en se servant de Sphinx, un logiciel de dépouillement d’enquêtes, réaliser des statistiques et dresser le portrait-robot de l’habitant de l’île de Wight en matière écologique. Comme ils sont en section européenne, cela leur servira directement lors de leur oral de bac gestion-administration quand ils devront parler de leurs stages ou expériences à l’étranger.
Quels sont les plus d’un voyage de ce type ?
Indéniablement, le développement de l’autonomie de nos élèves. Ils doivent gérer leurs dépenses et sont responsables des achats de nourriture par groupes au Tesco local pour tous leurs petits-déjeuners et déjeuners. C’est quelque chose qu’ils ne font pas habituellement et ils sont contents d’avoir cette responsabilité, ainsi que de la confiance qu’on leur accorde au camping. Par ailleurs, nous mangeons dans un restaurant différent chaque soir afin qu’ils goûtent différentes cuisines : britannique, caribéenne, italienne, indienne et thaï, et s’éveillent aux différentes saveurs du monde. Nos élèves apprennent que voyager ne rime pas forcément avec dépenser plein d’argent. Nous voulons lutter contre les idées reçues. C’est également dans cette optique que nous emmenons des élèves à la fois des sections technologiques et professionnelles. Dépasser les frontières, créer de la cohésion et lutter contre les idées reçues commence par ce genre de détails. Ils apprennent beaucoup sur eux et sur les autres pendant cette semaine.
Il n’y a pas d’enseignant de langue dans votre projet.
En effet. Certains ont peur de la responsabilité induite par la formule de notre voyage. Comme nous parlons tous deux couramment anglais, cela ne nous pose aucun problème. Par ailleurs, nous sommes dans une philosophie un peu différente et nous ne nous sentons pas obligés de mettre une forte dose culturelle dans notre voyage.
Avez-vous rencontré des difficultés spécifiques à ce type de voyage, à part les ampoules aux pieds ?
Non, pas vraiment. Il faut par contre établir un vrai rapport de confiance réciproque. Ils sont en autonomie sous leur tente et l’arrêt de bus est tout proche, de même que la plage. Nous devons avoir toute confiance en eux, et eux en nous. Il faut veiller à ce que leur matériel (tente, duvet,…) ne soit pas trop vétuste. Une information est faite en amont, couplée à un contrôle du matériel. Sur place, l’effet de groupe joue beaucoup : très vite une vraie entente s’instaure.
Le mot de la fin des élèves
« C’était quelque chose à vivre ! ».
Mise à jour : décembre 2020