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Comment est venue cette idée un peu folle d’organiser un voyage en Malaisie ?
Dans le train, pendant un voyage scolaire à Avignon. Il est très difficile de trouver des échanges avec le Royaume-Uni ou les USA et Hanae avait gardé de nombreux contacts en Malaisie où elle avait séjourné. J’ai dit « Banco ». Nous avons tout de suite reçu des réponses positives, c’était parti !
Parlez-moi de la spécificité de votre projet.
Nos mobilités doivent toujours être adossées à un vrai projet de façon à ce que nous partions avec un groupe uni et, par ailleurs, nous aimons la dimension d’éloignement géographique. Comme Céline est enseignante de musique, nous souhaitons, au-delà de l’aspect linguistique, lui donner également une dimension artistique. C’est pourquoi nous adossons systématiquement nos voyages à un jumelage avec le Cirque-Théâtre d’Elbeuf.
Vous parlez de voyage mais ça me semble bien plus ! Pour reprendre les mots de William Shakespeare, avec vous « le monde entier est un théâtre ».
Il y a un peu de ça. D’ailleurs, au départ, nos élèves ne savaient pas qu’il y aurait un voyage. Ils/elles se sont inscrit-e-s sur un projet artistique et seulement après, nous leur avons proposé d’aller plus loin : Singapour, Kuala Lumpur… Quand ils/elles l’ont appris, ça a été comme la dernière pincée de cannelle sur un Kueh Lapis aux épices (rires). Nous avons réservé ce projet aux élèves qui faisaient partie du projet avec le Cirque-Théâtre ; ils/elles viennent de plusieurs classes (générales et technologiques) et niveaux (2nde et 1ère au début du projet, et donc 1ère et Terminale maintenant car le projet se déroule sur deux années scolaires). Nous voulons des élèves motivé-e-s et soudé-e-s: c’est ainsi que tous et toutes ont donné beaucoup de leur temps libre en répétitions, en actions pour préparer la mobilité, et qu’ils/elles se sont également engagé-e-s à récupérer tous les cours dès leur retour de Malaisie (d’où le choix de revenir juste avant les vacances scolaires qu’ils/elles puissent se remettre à flot pendant celles-ci).
Venons-en au voyage lui-même. Pour rebondir sur le Kueh Lapis, le programme a été copieux sur place !
Il y avait trois volets : des échanges dans des établissements, des visites et structures culturelles et des conférences sur le thème du multiculturalisme car c’était l’aspect qu’Hanae voulait mettre en valeur. Il y a eu une très grande dimension linguistique également et il était intéressant de pratiquer l’anglais dans d’autres cultures ; nos élèves ont eu une grande ouverture sur le monde. Nous avions une volonté de briser les stéréotypes et ils/elles ont joué leur spectacle dans de nombreux établissements très différents : lycée français, établissement international, lycée public local, lycée musulman où il n’y avait que des garçons… Il y a eu aussi une dimension solidaire qui a beaucoup apporté à nos propres élèves. Nous avons sollicité des contacts divers et variés et ils/elles ont établi un calendrier d’actions et ont notamment amené des fournitures scolaires pour les réfugiés. Préparer toutes ces actions a soudé notre groupe mais également les familles entre elles.
Et l’exploitation ?
Les élèves de terminale pourront exploiter ce projet à l’occasion de leur oral d’anglais. Une de nos élèves qui est en STMG Euro nous a déjà dit qu’elle prendrait des thèmes du voyage pour son oral. Sur place, nous avons cherché à ce qu’ils/elles pratiquent tout le temps : demande de renseignements dans la rue, commandes au restaurant, préparation des interviews… Nous les avons assistés le moins possible et ils/elles ont également beaucoup échangé en anglais pendant les diverses conférences avec par exemple Hani Mohamed ou encore Ameerali Abdeali ou lors des séances d’apprentissage de danses traditionnelles. Musique et langue se sont rejointes dans ces moments ! La démarche est la même : sur scène ou dans la vie, ils/elles doivent être prêt-e-s à s’exprimer.
Le feu d’artifice final est le spectacle que vous proposez.
Oui, c’est un spectacle-documentaire intitulé « Retour sur la Malaisie ». L’option musique, l’option arts plastiques et le club audio-visuel du lycée se sont associés pour faire de la soirée un moment vivant qui permet de faire découvrir leur expérience sur place à travers des photos et des vidéos « témoignage », mais aussi des chants, des danses traditionnelles et des chorégraphies apprises sur place puis transmises aux autres élèves de l’option à leur retour.
N.D.L.R. J’ai assisté au spectacle dans la foulée de l’interview : un voyage magique et magnifique qui a transporté la salle très loin d’Elbeuf et a donné lieu à une standing-ovation émouvante. Il devrait être rejoué le 9 juin au Cirque-Théâtre d’Elbeuf : ne le ratez sous aucun prétexte si à votre tour vous voulez vous envoler et vous laisser envoûter par les danses et chants indonésiens.
Mise à jour : décembre 2020